Texte lu par Eric lors de l'inhumation de Pierre Morche
Texte lu par Eric
lors de l'inhumation de Pierre Morche
Si pour un instant Dieu m'oubliait et m'offrait un morceau de vie, je profiterais de ce temps du mieux que je pourrais.
Sans doute je ne dirais pas tout ce que je pense, mais je penserais tout ce que je dirais.
Je donnerais du prix aux choses, non pour ce qu'elles valent, mais pour ce qu'elles représentent.
Je marcherais quand les autres s'arrêteraient, je me réveillerais quand les autres dormiraient.
Aux hommes, je montrerais comment ils se trompent, quand ils pensent qu'ils cessent d'être amoureux parce qu'ils vieillissent, sans savoir qu'ils vieillissent quand ils cessent d'être amoureux !
A l'enfant je donnerais des ailes mais je le laisserais apprendre à voler tout seul.
Au vieillard, je dirais que la mort ne vient pas avec la vieillesse mais seulement avec l'oubli.
J'ai appris tant de choses de vous les hommes... J'ai appris que tout le monde veut vivre en haut de la montagne, sans savoir que le vrai bonheur se trouve dans la manière d'y arriver.
J'ai appris que lorsqu'un nouveau-né serre pour la première fois, le doigt de son père, avec son petit poing, il le tient pour toujours.
J'ai appris qu'un homme doit uniquement baisser le regard pour aider un de ses semblables à se relever.
J'ai appris tant de choses de vous, mais à la vérité cela ne me servira pas à grand chose, si cela devait rester en moi.
Dis toujours ce que tu ressens et fais toujours ce que tu penses.
Si je savais que ce sont les derniers moments où je te vois, je te dirais « je t'aime » sans stupidement penser que tu le sais déjà.
Il y a toujours un lendemain et la vie nous donne souvent une autre possibilité pour faire les choses bien, mais au cas où elle se tromperait et si c'est tout ce qui nous reste, je voudrais te dire combien je t'aime, que jamais je ne t'oublierais.
Le lendemain n'est sur pour personne, ni pour les jeunes ni pour les vieux.
C'est peut être aujourd'hui que tu vois pour la dernière fois ceux que tu aimes. Pour cela, n'attends pas, ne perds pas de temps, fais le aujourd'hui, car peut être demain ne viendra jamais, tu regretteras toujours de n' avoir pas pris le temps pour un sourire, une embrassade, un baiser parce que tu étais trop occupe pour accéder a un de leur dernier désir.
Garde ceux que tu aimes près de toi, dis leur à l'oreille combien tu as besoin d'eux, aime les et traite les bien, prends le temps pour leur dire « je regrette » « pardonne-moi » « s'il te plait' 'merci » et tous les mots d'amour que tu connais.
Personne ne se souviendra de toi pour tes pensées secrètes. Demande la force et la sagesse pour les exprimer.
Dis à ta famille, tes amis et a ceux que tu aimes combien ils sont importants pour toi.
Adieu papa !
Je sais que tu vas préparer le « terrain ».
Mais pas pour demain, plus tard, bien plus tard...
Extrait d’une lettre de Gabriel José de la Concordia García Márquez, écrivain Colombien. lauréat du prix Nobel de littérature.
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